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Une île et des ailes.
19 avril 2013

" Présentation des musiciens.

413

Voici quelques années, pourvu de cette «  mâle franchise » qui se pare du beau, du rude nom de gaillardise ainsi que d'une inconscience si absolue qu‘elle touchait au cynisme, j’avais entrepris la rédaction de mon premier blog, un ricanant et mélancolique chef d’œuvre de posture dont pudiquement je tairai le nom.

 

Provisoirement immobilisé à la suite d’un accident de voiture survenu au soir de mon trentième anniversaire, je m’étais imaginé que le fait de  raconter mon quotidien au travers d'instantanés plus ou moins inspirés, s’il ne m’aiderait pas à y voir  plus clair parmi les fanfreluches et les tremolos dont j’aimais à orner ma personnalité schizophrène, du moins me permettrait il de tuer les lentes et pesantes journées de quasi solitude auxquelles mon plâtre me condamnait.

 

J'avais démarré cette aventure dans le déni le plus achevé, l'idée fondatrice étant de raconter de légers, de  croustillants petits contes défaits, de plaisantes bulles de savons aussi fragiles et irisées que mes jours d'alors.

 

Bref, j'entendais, dans des détonations de champagne, dans le cliquetis argentin des paillettes, acoucher d'une baudruche toute amusée d'elle même mélant sur un air encore assez badin vacheries, sexe et frivolités !

 

Or, je m'aperçus  très vite que ce verbiage, aussi fardé, poudré, camphré fut il, se résumait à la seule glorification d'un Moi  dont le mérite s'avérait inversement proportionnel à la bouffissure qui le tendait à le rompre.

 

 

Du reste, je n'avais rien à révéler de bien palpitant. Ma vie s’énonçait agréable partagée entre un métier souvent casse burnes mais pour lequel je me passionnais et  un entourage non moins ratatineur de valseuses mais aveuglément dévoué à ma triste cause.

 

De problèmes je ne me connaissais que ceux que je prenais malice à me créer.

 

Né coiffé, une cuillère en argent dans la bouche, pas d'effort spécial à fournir pour atteindre les objectifs qu'a vrai dire je répugnais à me fixer, pas de malhonnêteté flagrante entachant le fil immaculé de mes jours, pas de grand crime à confesser, aucun point de vue original sur la marche du monde, je ne possédais en somme  qu'un grand cœur écharpé mais en voie de guérison.
Le lot commun de tous les trentenaires pour peu qu'ils se soient écorchés l'âme aux aspérités de la vie et de la nuit.


Ainsi, très vite, l’encre peina à couler.


Les mots boitèrent et je buttais.


Tu étais là, déjà,  qui me souriait.

 

Tu avais bien du mérite tant je montrais de constanceà invoquer les mânes de mes amours défuntes pour échapper aux faux semblants de celles à venir.


J’avais compris alors, non sans efforts, non sans réticences, qu’il me faudrait désormais  m’occuper à vivre, à aimer, à revenir aux sources du moi, du jeu, du nous, qu’il faudrait que l'écriture me devienne accessoire ou mieux qu’elle finisse par m’encombrer. Or elle se voulait exigeante, la garce, elle me talochait, elle me talonnait, elle aurait aimé que je lui consacre des heures.


L'existence impudique que je menais sur ce blog m’était apparue soudain en subtil décalage avec mon histoire, passée ou présente, comme une version plus nue, plus franche, plus abrupte de celle ci.

Infiniment embarrassante parce que touchée d' une lucidité dont je n'avais  pas toujours fait montre.

Car enfin, admettez qu'il faut être gravement perturbé pour confier avec des mots choisis à de parfaits inconnus ce que l'on dit si mal à ces meilleurs amis ?

 

J’avais donc cessé d’écrire du soir au lendemain, sans un avertissement, sans une explication, sans un adieu à mes lecteurs. Sans regrets ni  fanfares je m’étais engouffré dans ce qui sonnait comme la dernière grande histoire d’amour de ma vie.

Et puis les amours passent, et puis les amours lassent, et puis les amours fanent.

Et puis, le week -end dernier, privé de mes précieuses que j’étais allé saintement baigner aux rives miraculeuses d’une  Méditerranée aussi azurée qu’un manteau de Marie, ceci  dans l’espoir hélas déçu de les débarrasser d’un début de flétrissure somme toute très banal à mon âge, dans mon état et à l’heure qu’il est, Tu ne trouvas rien de plus inspiré à faire pour tromper ton ennui - et sans doute pour éviter de me tromper moi-même avec le premier miroir à putain venu- que de relire mon ancien blog.

 

« - Tu sais, finalement, ce n’était pas si mal ce que tu écrivais, me dis tu dés mon retour, avec au visage un air d’angélisme qui t'eû valut une canonisation immédiate si tu n'avais ouvertement et sans la plus pauvre pudeur revendiqué d’un penchant déplorable mais que je me gardais bien de déplorer pour certains vieux beaux toutefois équipés d’accessoires encore en état de marche.

 

J’en étais resté cois tant par le passé j’avais eût à redouter les franches moqueries dont tu te plaisais plaisait à accabler une prose «  aussi cambrée dans sa vanité qu’un pied de marquise dans son soulier de satin. »

 

« - Tu devrais continuer, ajoutas tu sans même te marrer. Ca t’éviterait de penser à mal lorsque je quitte la ville.

 

J’objectais piteusement, une fois ma voix retrouvée, que de penser constamment à toi que tu te trouvâs dans la pièce voisine ou à Tombouctou n’était pas penser à mal, qu’en conséquence,  débordant d’une légitime félicité au creux de tes bras je ne voyais pas la nécessité d’encombrer la blogosphère des récits extatiques d’un bonheur qui du reste ne se raconte bien que lorsqu’il est perdu.

 

Tu as souri finement tout en ébouriffant d’une paume tiède et humide les poils de mon torse nu.

 

« - Heureux ? Toi ? Comme si tu pouvais le rester bien longtemps ! Ecris mon amour ! Ecris pour toi, écris à propos de nous. Ecris en souvenirs de nous, écris  pour  lorsque heureux nous ne le serons plus. »

 

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